Cameroun : Paul Biya prête serment pour un 8ème mandat à 92ans

Un Etat « uni, stable et prospère »

S’adressant au Parlement, le plus vieux président du monde s’est engagé à rester fidèle à la confiance du peuple camerounais et à œuvrer pour un pays « uni, stable et prospère ».

Lire plus : USA : Trump signe un décret sur le rachat de TikTok

Âgé de 92 ans, le président sortant a prêté serment lors d’une session parlementaire à Yaoundé. Un important dispositif militaire a été déployé dans la ville pour l’occasion, tandis que la population a, semble-t-il, majoritairement boudé le déplacement.

Le 27 octobre, la Cour suprême du Cameroun a proclamé Paul Biya vainqueur de l’élection, avec 53,66 % des voix, devançant son ancien allié et actuel adversaire, Issa Tchiroma Bakary, qui a recueilli 35,19 % des suffrages.

La tension sociale

Quelques jours après les élections du 12 octobre, des manifestations ont éclaté dans plusieurs régions du Cameroun, suivies d’un confinement de trois jours cette semaine après que M. Tchiroma a proclamé sa victoire et accusé le scrutin de fraude. Le gouvernement a confirmé qu’au moins cinq personnes sont décédées lors des manifestations, bien que l’opposition et les organisations de la société civile affirment que le bilan est bien plus lourd.

Tchiroma affirme que Biya a remporté l’élection « frauduleusement ». Il déclare : « La volonté du peuple camerounais a été bafouée ce jour-là, notre souveraineté a été volée en plein jour. Ce n’est pas de la démocratie, c’est du vol électoral, un coup d’État constitutionnel aussi flagrant que honteux ».

Élections de déception et de colère

Priscilla Ayimboh, une couturière de 40 ans vivant à Yaoundé, ne croit pas qu’un second mandat pour Biya changera la situation du pays.

« Je suis fatiguée du règne de Biya et je ne me soucie plus de ce qu’il fait. C’est dommage. Je me demande ce que deviendra le Cameroun dans les sept prochaines années : il n’y a pas de routes, pas d’eau, pas d’emplois », a-t-elle déclaré.

Lire plus : Réseau Social : Meta introduit de nouvelles restrictions de contenu sur Instagram

Njewa Betrand Mbohchukeh, 30 ans, enseigne dans un lycée de la capitale : « Au cours des sept prochaines années, la vie au Cameroun peut s’améliorer s’il y a un changement positif dans la politique du gouvernement, ou se détériorer complètement si le régime maintient son inertie à l’égard des masses. »

Munjah Vitalis Fagha, professeur de politique à l’université de Buea, a déclaré à l’Associated Press que l’investiture de Biya « se déroulait dans une atmosphère politique tendue mais contrôlée, marquée par de profondes divisions entre l’élite au pouvoir et une population de plus en plus désillusionnée ».

Fagha a ajouté : « La cérémonie se déroule dans un contexte d’appels au renouveau politique, de problèmes de sécurité persistants dans les régions anglophones et d’inquiétudes généralisées quant à la gouvernance et à la succession ».

Président le plus vieux au monde

Paul Biya est arrivé au pouvoir en 1982 après la démission du premier président du Cameroun. Une réforme constitutionnelle de 2008 a supprimé la limitation du nombre de mandats, permettant ainsi au président de rester en fonction.

Son état de santé fait l’objet de spéculations, car il passe la majeure partie de son temps en Europe, laissant le pouvoir à des cadres clés de son parti et à sa famille. S’il va au bout de son mandat, Paul Biya quittera le pouvoir à près de 100 ans.

Les effets de son demi-siècle au pouvoir sont mitigés : les soulèvements armés dans le nord et l’ouest du pays, ainsi que la stagnation économique, ont désillusionné de nombreux jeunes à l’égard du dirigeant.

Lire plus : États-Unis : Elon Musk franchit les 500 milliards de dollars de fortune