CEDEAO : 50 ans d’intégration contrariée en Afrique de l’Ouest
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Un projet panafricain né à Lagos
Lors de sa fondation à Lagos, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) réunissait quinze pays autour d’un projet ambitieux : un marché commun, une libre circulation des biens et des personnes, et une voix commune sur la scène internationale. L’organisation visait une intégration profonde à l’image de l’Union européenne.
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Cinquante ans plus tard, le tableau est mitigé.
Avancées économiques, mais ambitions freinées
Sur le plan économique, des progrès notables ont été réalisés : coopération commerciale accrue, développement d’infrastructures régionales, passeport CEDEAO, ou encore projets d’interconnexion électrique.
Mais ces dynamiques sont souvent freinées par des obstacles structurels : faiblesse des infrastructures nationales, lenteur des réformes douanières, ou encore déséquilibres entre économies membres.
De l’économie au sécuritaire : une mutation stratégique
Face aux crises politiques et aux conflits internes, la CEDEAO a élargi son mandat pour devenir un acteur de médiation et de sécurité régionale. L’ECOMOG, sa force militaire d’intervention, a été déployée dès les années 1990 au Liberia, en Sierra Leone puis plus récemment dans la lutte contre le terrorisme et l’instabilité politique au Sahel.
Mais cette montée en puissance s’est heurtée à une réalité plus complexe.
Une unité régionale mise à l’épreuve
Les coups d’État successifs au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger, ainsi que les critiques sur l’ingérence perçue de la CEDEAO, ont fragilisé son autorité. Le départ fracassant de plusieurs États a entamé la crédibilité de l’organisation, perçue par certains régimes comme instrumentalisée par des intérêts étrangers ou détachée des aspirations populaires.
La montée des discours souverainistes, le rejet des sanctions économiques et la remise en cause des institutions communautaires témoignent d’une fracture croissante entre les capitales ouest-africaines.
Une croisée des chemins
À l’heure où l’Afrique cherche à peser dans les grandes recompositions géopolitiques, la CEDEAO est à la croisée des chemins : se refonder pour rester pertinente, ou risquer l’effacement progressif.
Malgré les défis, son rôle reste central dans la stabilisation régionale, la coopération économique, et l’affirmation d’une souveraineté collective.
Mais pour redevenir un véritable moteur d’unité, la CEDEAO devra réconcilier ambition panafricaine et réalités nationales fragmentées.
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