Tunisie : l’ancien Premier ministre Ali Laarayedh condamné à 34 ans de prison pour terrorisme
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Il devient le dernier opposant notable au président Kaïs Saïed à être emprisonné, dans un contexte politique de plus en plus tendu. Âgé de 69 ans, Laarayedh est chef du parti Ennahda, formation islamiste modérée autrefois dominante au Parlement tunisien, et un critique virulent du pouvoir en place.
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Accusations de terrorisme rejetées par la défense
Condamné vendredi aux côtés de sept autres personnes, Ali Laarayedh est accusé d’avoir créé une cellule terroriste et d’avoir facilité l’envoi de jeunes Tunisiens en Irak et en Syrie pour rejoindre des groupes armés islamistes.
Il rejette catégoriquement ces accusations et affirme que le dossier est purement politique.
Une vague d’arrestations ciblant les opposants
L’affaire survient alors que plus de 40 figures critiques du président Saïed ont été arrêtées ces dernières semaines, parmi lesquelles des journalistes, diplomates et avocats.
Les organisations de défense des droits humains dénoncent un usage politique du système judiciaire.
Human Rights Watch a pris position dans cette affaire :
« Un nouvel exemple de la façon dont les autorités du président Saied tentent de réduire au silence les dirigeants du parti Ennahda et d’autres opposants en les qualifiant de terroristes. »
Un régime très autoritaire
Depuis son élection en 2019, Kaïs Saïed, ancien professeur de droit, a entrepris une refonte complète du système institutionnel :
- Dissolution du Parlement en 2021
- Gouvernance par décrets
- Révision constitutionnelle renforçant ses pouvoirs
Les ONG internationales y voient un glissement vers un autoritarisme assumé.
Mais le chef de l’État rejette fermement les accusations :
Il affirme combattre des « traîtres » et dénonce une « ingérence étrangère flagrante ».
L’espoir démocratique à la répression politique
Le parti Ennahda avait brièvement gouverné la Tunisie après le soulèvement de 2011, point de départ du Printemps arabe, déclenché par l’immolation de Mohamed Bouazizi.
Mais de nombreux Tunisiens estiment aujourd’hui que les espoirs démocratiques issus de cette révolution ont été bafoués, au profit d’un pouvoir de plus en plus centralisé et répressif.
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