Niger : Suspension de BBC pour 3 mois et plainte contre RFI
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Trouble de paix
La BBC est accusée de diffuser des « informations erronées susceptibles de déstabiliser la paix sociale et de saper le moral des troupes » engagées dans la lutte contre les jihadistes. Cette suspension, applicable « avec effet immédiat« , concerne l’ensemble du territoire nigérien, ont précisé les autorités.
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Les émissions phares de la BBC, notamment en langue haoussa, sont retransmises au Niger par l’intermédiaire de radios locales partenaires. Depuis le coup d’État de juillet 2023, plusieurs médias étrangers ont été interdits, parmi lesquels Radio France Internationale (RFI) et France 24, suspendus dès août 2023.
Plainte contre RFI et accusations de désinformation
Jeudi soir, les autorités nigériennes ont également annoncé avoir porté plainte contre RFI, sans toutefois préciser le programme visé. Cette décision intervient alors que, la veille, plusieurs médias, dont RFI, avaient rapporté qu’une attaque jihadiste à Chatoumane, près de la frontière avec le Burkina Faso, aurait fait 90 soldats et plus de 40 civils morts.
Bien que l’AFP n’ait pas pu vérifier ces chiffres de manière indépendante, une source sécuritaire occidentale a confirmé que 90 à 100 personnes auraient péri dans cette attaque présumée. Cependant, la junte nigérienne a catégoriquement démenti ces informations, les qualifiant de « campagne d’intoxication » et d’ »affirmations sans fondement« .
Un contexte de violences et de ruptures diplomatiques
Depuis plusieurs années, le Niger fait face à des violences jihadistes, particulièrement dans les zones frontalières qu’il partage avec le Burkina Faso et le Mali, où sévissent des groupes affiliés à l’État islamique et à Al-Qaïda. Les trois pays, gouvernés par des juntes militaires après des coups d’État successifs, ont suspendu de nombreux médias étrangers et rompu avec la France, leur ancienne puissance coloniale, accusant les médias français de partialité.
Les autorités militaires nigériennes, qui collaborent désormais étroitement avec la Russie, publient parfois des rapports sur les attaques jihadistes. Mercredi, elles ont annoncé la mort de 10 soldats lors d’une attaque dans l’ouest du pays.
Un bilan alarmant
Les attaques jihadistes ont causé la mort de plus de 1 500 civils et soldats au Niger au cours des douze derniers mois, selon les données d’ACLED, un groupe de surveillance des conflits. Ce chiffre dépasse largement les 650 morts enregistrés entre juillet 2022 et juillet 2023, révélant une aggravation notable de l’insécurité dans la région.
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