L’Ouganda rompt sa coopération militaire avec l’Allemagne
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Cette décision, révélée dimanche par l’armée ougandaise (UPDF), marque une escalade inédite entre le pays et ses partenaires européens. « Les UPDF ont suspendu, avec effet immédiat, toutes les activités de défense et de coopération militaire avec l’Allemagne », a déclaré le porte-parole Chris Magezi sur X (ex-Twitter), évoquant des « rapports de renseignement crédibles« .
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Un ambassadeur allemand dans le collimateur
Selon Kampala, l’ambassadeur Schauer aurait collaboré avec des « forces pseudo-politico-militaires hostiles » au gouvernement. Bien que les détails ne soient pas divulgués, cette accusation intervient après des tensions croissantes.
Vendredi, le gouvernement ougandais avait déjà averti que certaines ambassades européennes soutenaient des « groupes négatifs et traîtres » un message visant implicitement Berlin. En cause : une réunion privée entre Schauer et le frère du président Yoweri Museveni, où l’ambassadeur aurait critiqué les propos controversés du général Muhoozi Kainerugaba, fils du chef de l’État.
Contexte : répression politique et tensions internationales
Kainerugaba, héritier présomptif de Museveni, est régulièrement épinglé pour ses déclarations incendiaires sur les réseaux sociaux, dont des menaces contre l’opposition. Son comportement a valu à l’Ouganda des condamnations internationales.
L’ambassade d’Allemagne, qui n’a pas commenté les accusations, qualifiait jusqu’ici ses relations avec Kampala de « stables et fondées sur la confiance« . Berlin est un partenaire historique de l’Ouganda, fournissant un soutien logistique et technique à son armée. Les échanges commerciaux entre les deux pays s’élevaient à 335 millions de dollars en 2023.
Quelles conséquences pour ce partenariat stratégique ?
La suspension plonge dans l’incertitude des années de coopération militaire, notamment dans la lutte contre les groupes armés en Somalie (via l’AMISOM) et en RDC. L’Allemagne formait également des officiers ougandais et participait à des projets de développement sécuritaire.
Si Kampala assume une posture ferme, cette crise révèle aussi l’isolement croissant du régime de Museveni, déjà sous le feu des critiques pour sa répression politique et ses atteintes aux droits humains.
Une affaire à suivre
En l’absence de preuves publiques et de réaction allemande, les motivations réelles de l’Ouganda restent floues :
– Calcul politique pour détourner l’attention des problèmes internes ?
– Réaction à des ingérences perçues de l’UE ?
– Rapprochement avec d’autres puissances (Chine, Russie) ?
Une chose est sûre : cette rupture fragilise un peu plus les liens entre l’Ouganda et l’Occident.
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